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2014-02-07 01:47
review/PS Vita

Danganronpa: Trigger Happy Havoc


Ce Danganronpa: Trigger Happy Havoc sur PS Vita, c'est un peu Ace Attorney au pays de Battle Royale. Il s'agit en fait de la version remastérisée du jeu initialement développé sur PSP par Spike Chunsoft. Malgré l’énorme succès rencontré par ce titre au Japon, avec plus d'un million de ventes, aucune localisation occidentale n’a été réalisée. Du coup, cette version PS Vita tombe à pic et nous permet de découvrir un jeu pour le moins étrange et captivant.


Dans Danganronpa: Trigger Happy Havoc, vous incarnez un lycéen assez ordinaire à qui l'on propose d’intégrer la plus prestigieuse école du Japon. Mais la rentrée des classes ne se déroule pas du tout comme prévu. Le bâtiment n'est en fait qu'un immense piège. Vous voilà prisonnier à vie ! La seule solution pour vous permettre de sortir vous est annoncée par un nounours robotique pervers : tuer l'un de vos camarades d’infortune. Mais attention, cela doit se faire sans être vu ni soupçonné par les autres, car si le tueur est découvert il sera condamné à mort à son tour. Et, dans le cas inverse, ce sont les autres qui seront exécutés. Pour sauver votre peau, vous devrez donc enquêter sur les multiples crimes qui vont se dérouler dans l’école, et par la même occasion en savoir plus sur ce qui cache derrière ce « killing game ».

Les créateurs de 999: Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors (PSP) ont clairement orienté le concept de Danganronpa: Trigger Happy Havoc vers celui d'Ace Attorney de Capcom. Chaque chapitre correspond à un meurtre à résoudre. Il débute par une phase d'exploration. Vous découvrirez des pièces de monnaie en cliquant sur certains éléments du décors. Vous aurez aussi des phases de « temps libre » où vous pourrez explorer le bâtiment mais aussi passer du temps avec vos camarades. Et, si vous leur offrez des cadeaux préalablement achetés avec les pièces récoltées, cela vous permettra d'en apprendre plus sur eux mais aussi de débloquer certaines aptitudes lors des « procès ».

La découverte d'un meurtre déclenche une phase d'enquête où vous aurez à récolter tous les indices possibles, à travers des témoignages ou en collectant des objets. Lorsque vous avez tout récolté, le procès s'ouvre, supervisé par l'inquiétant nounours robotique. Les indices accumulés se matérialisent en balles pour un pistolet à barillet à l'écran. Lors des discussions, vous casserez les arguments de vos camarades en envoyant ces projectiles. Bien sûr, il peut arriver que vous deviez choisir entre plusieurs balles/arguments ou que vous n'ayez pas d'élément en stock. Dans ce cas, vous devrez vous saisir d'une idée évoquée pour la confronter à une autre. A tout cela, il faut aussi ajouter des mini-jeux jeu de type pendu ou de rythme. Très aisées au chapitre 1, les manœuvres vont en se complexifiant et atteignent leur paroxysme lors du procès du chapitre 6.

Vous l'aurez compris, Danganronpa: Trigger Happy Havoc est un jeu d’enquête et d’énigmes d'un haut niveau tout en étant particulièrement complet et varié. Mais le titre ne serait rien sans une très bonne gestion de l'atmosphère. C'est ici le cas et, très vite, l'aventure sombre dans la peur et la paranoïa. Les personnages sont tous issus de stéréotypes nippons : le chef de bande, l'intellectuel froid d'une grande famille, l’écrivaine névrosé, l'idole, etc. Ils représentent l’élite dans leur domaine (sauf vous au passage, ce qui permet probablement une meilleur identification !). Mais chaque personnage se révélera un peu plus complexe, dévoilant des forces et des faiblesses insoupçonnées. Leurs meurtres ou leurs condamnations n'en seront que plus pesants. Et vous obligeront a toujours vous poser une question : dois-je faire confiance ? L’écriture de cette aventure, par Kodaka Kazutaka, est foisonnante, on alterne les blagues potaches, les allusions sexuelles, les meurtres sordides, l'amitié broyée... Beaucoup de thèmes et de sujets sont abordés avec la finesse de l'ironie et la subtilité d'un char d’assaut. On aime.

Le character design, signé quant à lui par Komatsuzaki Rui, est d'un très bon niveau. Les scènes illustrées sont souvent magnifiques, telles que les petites animations montrant les mises à mort des meurtriers. Le jeu repose sur un moteur graphique en 3D en cel shading assez plaisant. Toutefois, on ne dirige les personnages que dans des zones de déplacement données, de type couloirs ou halls. A chaque entrée dans une pièce, on passe à un écran fixe qui s'ouvre comme un pop up du plus bel effet. Soulignons, enfin, la très grande qualité musicale de Danganronpa: Trigger Happy Havoc. Masafumi Takada a effectué un travail remarquable. Les voix anglaises sont correctes, mais NIS America nous propose en sus les voix japonaises qui les surclassent aisément. Pour l'ambiance, encore une fois !

Bien sûr, Danganronpa: Trigger Happy Havoc n'est pas exempt de défauts. Le principal étant son ultra-dirigisme inhérent à ce type de jeu. Pour information, vous n'avez la possibilité d’influencer réellement le déroulement de l'histoire qu'une seule fois... De même, il vous faut placer vos arguments et vos preuves comme le programme l'a prévu alors qu’honnêtement ce n'est pas très évident. Du coup, la non traduction en français est un vrai frein, le jeu devenant extrêmement compliqué pour les non anglophones, ce qui est regrettable.

A noter que la version japonaise du titre PS Vita regroupe les épisodes 1 et 2, tandis que nous ne recevons que le premier, au prix fort. On se consolera en se disant que l'édition du deuxième volet est peut-être déjà au programme. Au final, Danganronpa: Trigger Happy Havoc est un jeu que l'on force à rester dans un marché de niche en Europe mais qui ravira les amateurs du genre, impérativement anglophones. La qualité de son design, de son écriture et de sa musique en font un Ovni d’irrévérence, d'esprit et de mauvais goût. Bref, selon nous, un jeu à découvrir d'urgence !

Kuk










Danganronpa: Trigger Happy Havoc sur PS Vita de type Aventure édité par NIS America. Développé par Spike Chunsoft. Pour un joueur. Prix : 39,99 €. Note : 5 sur 5






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